Galopade sur la plage

L'étalon respira l'air salé qui se dégageait de la mer, et ses oreilles écoutaient attentivement le flux et le reflux des vagues. "Tu aimes la mer ?" demanda le jockey en souriant, heureux que son cheval semble apprécier cet endroit.
Il mena l'étalon jusqu'à un rocher sur lequel il se percha pour enfourcher l'étalon qui, décidément émoustillé par cet endroit, se mit à tourner sur lui-même dans des virages très serrés. "Hé, doucement !" fit le jockey, mais sans méchanceté. Les réactions de Mephistos l'amusaient vraiment ce matin.
Le soleil commençait à se lever, projetant des rayons roses et dorés sur la mer. Le vent était fort, un vrai vent marin, et il faisait un peu froid. Les talons de l'homme pressèrent les flans du cheval qui partit d'un pas nettement plus actif que d'habitude. L'homme sourit, impressionné par les bienfaits de la présence marine sur son étalon. Il le mena au bord même de la mer, les vagues venant se briser doucement aux pieds de Mephistos qui secouait régulièrement sa crinière, oreilles pointées en avant, droites vers l'horizon.
Ils marchèrent quelques temps, puis le jockey demanda un départ au trot, obtenu tout de suite. L'homme sentit que son cheval était décidé à bien travailler aujourd'hui. Il le félicita à la voix, fier de cette réaction.
Il demanda quelques accélérations au cheval qui obéit sans modération pour une fois. Le jockey ne cessait de le féliciter, épaté par une telle performance.
Il demanda un demi-tour à l'étalon et continua à trotter. Il l'installait de temps à autres sur des cercles, partait dans un sens ou dans l'autre, prolongeant le trot, profitant d'une telle forme de la part de son compagnon.
Enfin, il le fit repasser au pas, ce que l'étalon eut, pour la première fois, du mal à faire. Il ne demandait aujourd'hui qu'à accélérer davantage. L'homme le força pourtant à obéir puis le laissa souffler quelques temps, avant de demander un départ au galop. Le cheval bondit littéralement, faisant raisonner ses sabots sur le sable, naseaux frémissants. Le jockey lui imposa le galop d'échauffement et le fit galoper aux deux pieds. Une fois que ce dernier échauffement fut exécuté, ils s'arrêtèrent, puis le jockey demanda un nouveau départ au galop. Il l'installa quelques instants à une allure confortable mais relativement rapide, puis relâcha un peu ses rênes, incitant Mephistos à aller toujours plus vite.
L'étalon atteignit une telle vitesse que le jockey en fut impressionné. Il avait senti depuis le départ un certain potentiel chez l'étalon, mais ne l'aurait pas cru capable de telles performances.
"Bien, très très bien !" souffla-t-il à son oreille, sollicitant toujours l'étalon qui donnait aujourd'hui le meilleur de lui-même. Au bout de quelques minutes, il rattrapa ses rênes et demanda un ralentissement très progressif. L'étalon respirait un peu plus fort que d'ordinaire mais ne transpirait presque pas, et il se vit gratifié de nombreuses caresses et récompenses vocales.
Ils marchèrent longuement, longeant la plage, dans un sens puis dans l'autre. Enfin, le jockey mit pied à terre et ramena son cheval à l'écurie, radieux.
"Tu as bien mérité ta ration ce matin" assura-t-il avec une fierté non dissimulée. "Si tu fais ça en course, tu en battras plus d'un !" reprit-il. Mais il savait qu'une telle motivation de la part de l'étalon serait rare, aussi décida-t-il de se contenter de savourer ce qu'il voyait comme une première victoire au lieu de projeter l'avenir plus qu'incertain de Mephistos.